Durant mes nombreux séjour au Sinaï et à Dahab en particulier, j’entendais déjà parler de Mike
« the German tattoo guy »
1989 Yahad un ami Israélien venait d’ouvrir ce qui fut le premier salon de tatouage dans le pays sur l’avenue Benyehuda à Tel-Aviv.
Bien que ce fut pour moi une révélation, il me faudra attendre 1995 pour enfin connaitre mes premières expérience en tant que tatoueur.
Je venais déjà d’entreprendre 8 années de voyage , de l’Europe au proche orient, en long et en travers, en stop, en bateau, a pied, en train, sur des chemins parsemés d’embuches essuyant des tempêtes et traversant de longues périodes de galères, je me délectais des moments d’accalmie, des richesses de rencontres humaine, et de toutes ces autres périodes ou tout se passait bien.
La rencontre avec le tatouage et l’ambiance dans le salon de mon ami Yahad, me fit réaliser le chemin que je devais prendre et la liberté professionnelle que ça me procurerait le reste de ma vie et dans mes voyages.
Je suis arrivé à Paros, dans les iles des cyclades, en Grèce, en avril 1995.
C’est a l’Est de l’Ile, dans le petit village portuaire de Piso Livadi, plus exactement à Logaras que je fis la rencontre de ce fameux Mike the german.
Assis à la terrasse de l'unique petit café, à cette époque, au bord de la plage de logaras, buvant une bière, seul, il dénotait du reste de la population locale. Tatoué sur une grande majorité de son corps. Des bousilles et autres tatouages de prison (c’est ce que j’en déduis à ce moment là). Il était ‘bleu’.
Par la suite j’ai appris que ce petit café était le rendez-vous de la communauté allemande (et Autrichienne) de l’ile.
Ma longue chevelure, mes jeans troués, pieds nus, mes santiagues à l’épaule, arborant quelques petits tatouages, fait à la main, au noir de fumée, et un plus grand, plus beau réalisé par mon ami en Israël attira forcément l’attention de Mike. Nous n’étions pas si nombreux a cette époque avec des tatouages. Les touristes tatoués étaient plutôt rares. Le milieu du tatouage dans les années ’80 n’en était qu’à ses balbutiements.
On s’est vite pris d’amitié et après quelques bières, il me proposa d’emménager dans une des bâtisses que constituait sa propriété de 3 maisons.
La 3e était habitée par une américaine installée dans l’ile de Paros depuis quelques années.
A cette époque précise, et pour des raisons que je ne mentionnerai pas ici maintenant, faisant parties d’une autre histoire (que je raconterai dans un autre post), j’avais les poches, ou plutôt les bottes, pleines d’ argent. J’ avais devant moi plusieurs mois de répit et des possibilités sans fin, du moins c’est ce que je pensais à mon arrivée en Grèce.
Je lui ai proposé de m’apprendre le tatouage, et en contrepartie, je ferais le voyage en Hollande (seul fournisseur de matériel de tatouage, peux regardant a qui il vendait son matériel), car la plupart du temps, à cette époque, il fallait être parrainé par un tatoueur avant de pouvoir accéder a du matériel.
Pas d’internet, peux de revendeur, et le milieu tres fermé.
Je ferai donc ce voyage pour acheter du matériel, pour nous deux s'il acceptait mon deal.
Il tatouait autours de la Méditerranée depuis quelques années, avec des machines faites à la main, fabriquée avec des moteurs récupérés de vieux rasoirs, walkman (ancêtre du MP3).
Une semaine à Amsterdam entre mes deux vols, j’en ai profité pour vivre ce qui doit se vivre dans cette cours des miracles. J’en ai aussi profité pour me faire tatoué les deux avant bras. je m’apprêtais à devenir tatoueur, il me fallait ressembler à un tatoueur. Je crois que ce fut les 2 seuls tatouages que j’ai fait dans des salons avec de parfait inconnu.
Mon retour à Paros, je me suis procuré une moto, de route, custom, et un buggy pour les chemins de terre et les plages.
Je me suis donc installé dans la maison sur le terrain de Mike, qui dominait la mer Egée, face à l’ile de Naxos et à 300 m a vol d’oiseau du complexe de Punda, première installation de l’ile avec piscines, bars, plage, o
u les touristes venaient danser boires sur une music techno toute la journée. Le soir et la nuit étaient plutôt fréquenté par les locaux expats, les hippies de l’ile ou et autres voyageurs. Les foolmoon parties, les soirées concerts et feux de camps sur la plage.
Cette population était pour moi un nid de cobayes potentiel pour mes premier essaies tatouages.
Mike était accompagné de son Amie Fiona, une anglaise. Il ne tatouait que chez lui, quand il invitait une personne rencontré au grés du vent.
C’est d’ailleurs comme ça
que ça se passait tout le temps et mes premiers tatouages je venais aussi avec les jeunes rencontrés sur les chemins de l’ile et les invitais chez nous pour une séance tatouage. Souvent, ils restaient pour partager la soirée et le diner avec nous, restaient aussi dormir. Certains sont restés plusieurs jours et je profitais de ce séjour pour me faire la main sur eux. Le retsede l’année, tous les deux confectionnaient des bijoux qu’ils revendaient a Punda pendant la saison estivale.
Sonia, une jeune femme Tchèque, maman d’une petite fille, Marketa, âgée de 9 ans, venait aussi tatouer avec nous.
Elèves de Mike, elle tatouait de la même facon que lui avant que je ne lui procure une vrais machine a tatouer. Moteur de walkman, aiguille à coudre collée au tube d’un stylo bic, elle refusait de tatouer autrement et n’aurais jamais accepter de travailler avec un vrais dermographe à bobines.
Ensemble, tous les 3, accompagnés de Fiona bien sur et de tout autres personnes qui se trouvaient avec nous les jours de départ, on naviguait pour rejoindre Naxos, Anti-Paros, et d’autres petites iles à la recherche de nouvelles personnes à tatouer.
Kostas avait un voilier, ancien bateau de pêche , reconvertis et transformé en voilier et bateau de plaisance pour les touristes désirants découvrir les coins cachés de l’ile et/ou partir en mer quelques jours.
Quand il n’ avait personne, le bateau, au mouillant au large de la plage de Logaras, n’attendait que nous.
Parfois, il suffisait d’un appel de Kostas et nous avions 5 mn pour nous préparer. les affaires dans le zodiacs, et nous a la nage jusqu’au bateau et nous voila partis pour une nouvelle aventure.
Cette période dura de 1995 à 2000. Ces dernières années mirent un terme à mon voyage et les derniers temps, comme par transition, je revenais d’Avril à Octobre sur l’ile de Paros retrouvé Mike, Fiona, Sonia, Kostas et les autres, qui eux restaient toujours sur place à l’année alors que l’hiver, maintenant, je le passais d’abord en Autriche, puis en france ou je fis mon grand retour. Le reste, c’est une autre histoire..
Cette période fut mon école du tatouage et restera gravé toute ma vie. C’est mon ADN de tatoueur, mon identité. Loin de l’industrie qu’est devenu le monde du tatouage aujourd’hui, je me suis imprégné de l’humain. La richesse que cela m’a apporté à cette époque va bien au-delà de tout apprentissage classique d’un salon de tatouage. Bien que techniquement et artistiquement il me restait tout à faire, tout à découvrir, tout à apprendre, je venais de me consolider les fondations du métier qui allait devenir le compagnon de ma vie.
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